Suivis biologiques

A la découverte de nouvelles espèces animales

Dans les groupes faunistiques moins connus que les oiseaux, l’effort principal est porté sur le suivi annuel des espèces définies comme prioritaires, c’est-à-dire celles pour lesquelles la Grande Cariçaie joue un rôle central pour leur conservation en Suisse. Des inventaires détaillés des principaux groupes faunistiques constituent une des bases indispensables à la gestion des milieux naturels riverains. Parmi ces groupes, les gestionnaires définissent des espèces prioritaires pour lesquelles la Grande Cariçaie possède une responsabilité particulière de conservation. Il est donc nécessaire que l’Association de la Grande Cariçaie connaisse les tendances d’évolution de ces espèces prioritaires dans son périmètre de gestion, leurs exigences écologiques et qu’elle puisse évaluer leur degré de sensibilité aux mesures de gestion des milieux. Si nécessaire, des mesures propres à la conservation de ces espèces doivent être mises en oeuvre.
Un monitoring général des libellules, papillons de jour, amphibiens et orthoptères, tous les 3 ans, complète le dispositif, et permet de se faire une image de la qualité de l’habitat pour ces groupes caractéristiques des rives marécageuses. Enfin, des inventaires sont menés selon les opportunités, pour mieux connaître le statut de certains groupes peu connus.

Monitoring amphibiens

Monitoring des batraciens

Depuis 1993, un intense programme d’étude des amphibiens a été mis en place dans la Grande Cariçaie, ce groupe ayant été considéré comme prioritaire et vulnérable lors de la première révision du programme de gestion de la Grande Cariçaie en 1992.

Un inventaire des populations d’amphibiens par réserve naturelle a tout d’abord été dressé, puis un suivi des populations s’est progressivement mis en place, consistant à recenser, grâce à des barrières d’interception, les batraciens migrateurs lors de leur transit printanier vers les sites de reproduction. Les gestionnaires assurent également un monitoring des chanteurs de Rainette et partiellement du Sonneur à ventre jaune sur l’entier du périmètre de gestion. On dispose ainsi aujourd’hui d’un suivi sur 20 ans de l’évolution des effectifs de ces différentes espèces. L’évolution des populations des espèces prioritaires, c’est-à-dire de la Rainette, du Triton lobé, du Sonneur à ventre jaune et du Crapaud commun est en particulier bien documentée.

Monitoring invertébrés

Pour une majorité des groupes d’invertébrés, les listes d’espèces à responsabilité sont établies mais leur statut n’est que partiellement connu sur la Rive sud. C’est pourquoi des prospections complémentaires sont menées, particulièrement pour des groupes estimés sensibles à la gestion. Chaque année, des monitorings sont mis en place afin d’étendre les connaissances sur ces espèces prioritaires.

Suivi annuel de la Déesse précieuse

La Déesse précieuse (Nehalennia speciosa) est une espèce de libellule menacée d’extinction au plan européen. Découverte en 2007 dans la Grande Cariçaie, elle a tout de suite fait l’objet d’une étude pour déterminer son habitat et vérifier que l’espèce n’était pas mise en danger par les travaux d’entretien des marais. Les observations ont été réalisées sur des transects dans le marais en enregistrant les observations avec un GPS. Le SIG a alors permis de croiser cette information avec l’historique de l’entretien des marais. Cette étude a permis de définir plus précisément l’habitat de l’espèce et de montrer que celle-ci est plutôt favorisée par la fauche, l’espèce étant bien moins présente dans la zone non entretenue.

Comptant parmi les espèces prioritaires les plus sensibles dans la Grande Cariçaie, la Déesse précieuse fait désormais l’objet d’un suivi annuel. En 2016, le monitoring de cette espèce, poursuivi selon les méthodes en vigueur les années précédentes, a permis de recenser jusqu’à 493 adultes de Déesse précieuse dans sa seule station connue dans la réserve des Grèves de la Motte. Ce résultat spectaculaire laisse à penser que les effectifs ont peut-être été sous-évalués les années précédentes.

 

Monitoring des Orthoptères

12 stations de la réserve de Cudrefin ont fait l’objet de recensements selon la méthode BIOP (Programme de surveillance des biotopes d’importance nationale), mêlant écoute et captures. La Grande Cariçaie constitue un réservoir important de deux espèces rares: le Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi) et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis). Les deux espèces ont à nouveau été trouvées sur quelques stations.

Monitoring de l'Azuré des paluds en vidéo (2min21)

L'Azuré des Paluds

Méthode «Syrph the Net»

La méthode «Syrph the Net» (StN), élaborée dans les années 1990 par le spécialiste irlandais Martin C.D. Speight, permet d’évaluer l’intégrité fonctionnelle d’un habitat et ainsi, de mettre en évidence certains dysfonctionnements. En outre, elle permet d’évaluer les fonctions de réservoir de biodiversité de cet habitat, sa capacité d’accueil. Elle s’appuie sur une base de données regroupant les exigences écologiques de toutes les espèces européennes de syrphes, soit leurs préférences en termes d’habitats et de microhabitats ainsi que leurs traits de vie.

Les syrphes (Syrphidae) forment une famille de diptères comptant plus de 900 espèces en Europe, dont 456 espèces en Suisse. La diversité de leurs régimes alimentaires à l’état larvaire et leurs exigences strictes au niveau de leurs niches écologiques en font d’excellents bioindicateurs. Contrairement aux larves qui sont largement spécialisées, les adultes sont essentiellement nectarivores et pollinivores et ont donc des comportements les concentrant vers les zones plus riches en ressources de nourriture, facilitant ainsi leur capture, en général réalisée avec un piège à interception de type tente Malaise.

La mise en œuvre entre 2017 et 2020 de la méthode « Syrph the Net » dans la Grande Cariçaie a pour but de tester l’efficacité, les potentialités et les limites de l’utilisation de cet outil pour évaluer la qualité des milieux de Suisse. Les résultats finaux de cette étude sont disponibles sous la forme d’un rapport disponible sur notre bibliothèque interactive et d’une publication parue en 2021 dans la revue Schweizerische Zeitschrift fur Forstwesen.

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