Un joyau naturel protégé depuis peu
La croissance démographique, le développement des infrastructures industrielles et de communication et la modernisation des pratiques agricoles ont conduit à de rapides et profondes modifications du paysage de la Suisse et de ses régions à partir du milieu du 19ème siècle. Les milieux humides ont été parmi les plus touchés par ces modifications puisqu’on estime à 95% les surfaces de marais disparues en Suisse depuis cette époque, à l’image de la régression des surfaces marécageuses dans la région des Trois Lacs, résultant des deux corrections des eaux du Jura. La prise de conscience de cette évolution a conduit à la mise en place, à diverses échelles, de plusieurs conventions et bases légales de protection des zones naturelles menacées en Suisse, particulièrement des zones humides et principalement durant le dernier tiers du 20ème siècle. Mais le chemin fut long avant que la Grande Cariçaie bénéficie d’une protection légale digne de sa valeur naturelle. En 1980, après la 2ème correction des eaux du Jura, près d’un quart de la Rive sud était affectée aux loisirs lacustres (ports, campings, secteurs de résidences secondaires, etc.) et les marais entre Yverdon-les-Bains et Estavayer-le-Lac étaient menacés par un projet d’implantation d’autoroute N1 (appelée aujourd’hui A1). C’est ce projet d’autoroute qui paradoxalement déclencha tout le processus de protection de la Rive sud du lac de Neuchâtel.