Travaux d'entretien

Pourquoi intervenir dans les réserves naturelles ?

L’Association de la Grande Cariçaie réalise d’importants travaux d’entretien dans les réserves naturelles. Dans l’esprit du grand public, les réserves naturelles sont des havres de paix pour la faune et la flore, dans lesquels l’homme ne doit pas intervenir. C’est le cas par exemple du Parc National Suisse ou des grandes étendues marécageuses du Nord de l’Europe, qui sont laissés à leur évolution naturelle. La situation de la Grande Cariçaie est elle très différente. Afin de mieux comprendre cette situation particulière, un retour dans le passé est nécessaire.

Jusque dans les années 1870, s’étendait dans la région des trois lacs (Neuchâtel, Bienne et Morat) un immense marais hébergeant une faune et une flore extrêmement riche et variée. La première Correction des eaux du Jura, réalisée dans les années 1870 à 1890, a conduit à l’abaissement du niveau des lacs de près de 3 mètres, à la disparition du Grand Marais et sa transformation en terres agricoles par drainage, et à l’apparition d’une large bande de terre émergée le long de la rive sud du lac de Neuchâtel. Cette immense surface de sable, laissée à son évolution naturelle, a été peu-à-peu colonisée par la végétation. C’est ainsi qu’est née la Grande Cariçaie. Ce marais nouvellement créé est donc une compensation involontaire et artificielle à la disparition du Grand Marais. De nombreuses espèces de la faune et de la flore spécialisées y ont trouvé refuge. On peut ainsi comparer la Grande Cariçaie à une Arche de Noé qui a permis la sauvegarde de nombreuses espèces devenues rares et menacées (pour rappel, 90% des surfaces de marais de Suisse ont disparu au cours du 20ème siècle).

Mais la Grande Cariçaie est aujourd’hui menacée par l’activité humaine. Comme tous les marais, sa pérennité est intimement liée à la présence d’eau, en l’occurrence des inondations régulières par le lac et les précipitations. De par l’origine artificielle de la Grande Cariçaie, le contexte actuel de régulation très bien contrôlée du niveau du lac et les changements climatiques en cours, de nombreuses menaces, regroupées sur la figure suivante, pèsent sur les milieux marécageux :

  • les vagues et les courants érodent cette large bande de sable végétalisée et tendent à regagner le terrain que la lac a perdu avec la première Correction des eaux du Jura ;
  • en l’absence de fluctuations importantes du niveau du lac, les bancs de sable et de graviers qui apparaissaient autrefois le long de la rive ont aujourd’hui disparu, entrainant également la disparition des espèces qui leur sont liées ;
  • les plans d’eau se referment par comblement (matières organiques en décomposition) et par progression des roselières qui bordent leurs rives ;
  • soustraits aux inondations du lac et soumis à des canicules estivales et à l’atterrissement (augmentation de l’épaisseur du sol par accumulation de la matière organique), les marais s’embuissonnent et la forêt progresse ;
  • les nombreux petits cours d’eau qui parviennent jusque dans la Grande Cariçaie y apportent des alluvions et des éléments fertilisants provenant des zones agricoles à l’amont ;
  • les forêts de bois blancs évoluent naturellement vers des peuplements de bois durs qui présentent moins d’intérêt biologique.

Ainsi, année après année, la surface de marais diminue, rongée par le lac et colonisée par la forêt. Cette situation est problématique car la plupart des espèces prioritaires de la Grande Cariçaie vivent dans le marais, comme le montre la figure ci-dessous :

L’Association de la Grande Cariçaie entreprend chaque année depuis 1982 des importants travaux, afin de conserver à long terme la faune et la flore réfugiée dans cette Arche de Noé des marais du Plateau suisse. Le maintien, voire l’extension des surfaces de marais non boisés, reste donc aujourd’hui l’enjeu majeur de la conservation de la Grande Cariçaie.

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