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Les quelques 700 espèces de champignons supérieurs (visibles à l’œil nu) recensés actuellement dans la Grande Cariçaie ne représentent qu’une petite partie d’un inventaire complet qui devrait approcher les 1’500 espèces, soit le quart des 6’000 espèces connues en Suisse. De nombreuses espèces prioritaires sont déjà répertoriées dans les réserves naturelles. Elles sont le fruit de nombreuses investigations conduites surtout depuis le début des années 2000 par des spécialistes passionnés, sans échantillonnage standardisé. Dans une optique de monitoring de ces espèces prioritaires, un inventaire respectant une méthodologie pouvant être utilisée comme première étape d’un suivi a été mis sur pied en 2021 par l’AGC en collaboration avec une petite équipe de mycologues bénévoles.

Huit parcelles ont ainsi été échantillonnées en 2022 et pour la moitié d’entre-elles à deux reprises, au printemps et en automne. Parmi les 159 espèces observées à cette occasion, de nombreuses espèces rares ont été trouvées. Autre fait marquant, une bonne partie des espèces communes de bois mort de feuillus attendues habituellement dans les forêts exploitées ne sont pas présentes. L’absence de ces espèces montre que la plupart des forêts des réserves naturelles de la Grande Cariçaie est bien laissée à sa libre évolution. « La flore fongique de la Grande Cariçaie est donc très particulière et présente une grande valeur de conservation. » telle est la conclusion émise par l’une des mycologue de l’équipe.

Cet inventaire continue malgré la disparition subite de l’un des précieux collaborateurs de l’équipe, spécialiste des polyporales (champignons en forme de langue de bœuf poussant habituellement le long des troncs). Un sentiment de tristesse infinie nous parcourt encore.