Nature

Une mosaïque de milieux influencés par l'eau

Milieux naturels

La Grande Cariçaie présente une mosaïque de milieux naturels dont la variété s’inscrit essentiellement dans sa transversalité, d’un arrière-pays dont l’altitude varie entre 500 et 600 mètres, aux eaux profondes du lac, dont le fond se situe à approximativement 300 mètres d’altitude. Ces milieux naturels s’ordonnent selon le niveau moyen d’inondations: les roselières dans les milieux les plus aquatiques, les prairies dans les sites inondés temporairement, et les forêts dans les secteurs plus secs. Chacun de ces habitats naturels abrite une faune et une flore particulière, souvent rare. Suivez les traces du botaniste de l’Association, Christian Clerc, qui vous fait découvrir dans la vidéo ci-contre la diversité des milieux naturels qui composent la Grande Cariçaie et que l’AGC se doit d’entretenir et de protéger.

Beine lacustre

La beine lacustre, zone littorale peu profonde, borde toutes les réserves naturelles. La Rive sud est remarquable par l’étendue de ses zones littorales. Les zones de profondeur inférieure à 9 m couvrent à elles-seules 51.4 km², soit 83.5% de la zone littorale du lac. Ces zones sont particulièrement bien développées d’Yverdon-les-Bains à Cudrefin (33.8 km²) et aux extrémités du lac (Haut-Lac 2.1 km², Bas-Lac 7.8 km²).

La hauteur de ses eaux n’excédant que rarement 3 mètres, la beine abrite d’importantes surfaces de roselière lacustre et de nombreux massifs de Jonc des tonneliers (voir fiche info ci-dessous). La qualité des eaux facilement traversées par la lumière et la qualité du substrat, essentiellement des sables molassiques, permet le développement de vastes herbiers de macrophytes. Ils abritent des élodées, des charas, des myriophylles, des renoncules aquatiques et des potamots, dont plusieurs espèces rares en Suisse comme les Potamots helvétique et fluet ou les Naïades, la petite et la marine. Bien oxygénés grâce aux vagues, les hauts fonds sont animés d’une vie biologique intense. Les vastes herbiers luxuriants abritent de nombreux invertébrés comme les bivalves du genre Unio et diverses larves d’insectes de Diptères, d’Éphémères et de Trichoptères et servent de pouponnières aux alevins des poissons. Le développement de la Moule zébrée, à partir des années 70, et des Algues characées, dès les années 90, a fourni une nourriture abondante aux oiseaux d’eau, dont les effectifs hivernaux ont décuplé dans le dernier tiers du 20ème siècle. Enfin, malgré qu’elles aient fortement régressé, les grèves sableuses, dans la zone de battement des eaux du lac, constituent un habitat pour une flore et une faune originales et un site privilégié d’escale des oiseaux migrateurs (limicoles, divers passereaux).

Fiche info

Marais non-boisés

Le régime des eaux du lac entre les 2 corrections des eaux du Jura, associé à l’exploitation des marais non-boisés, ont permis d’empêcher d’importantes surfaces de rivage d’être colonisées par des ligneux. Au premier regard, les marais apparaissent comme de vastes étendues monotones, d’où ne semblent émerger que des arbres isolés ou quelques bosquets. Ils comprennent cependant une grande diversité de groupements, s’ordonnant essentiellement en fonction du niveau de l’eau.

Les marais non-boisés concentrent l’immense majorité des stations d’espèces végétales les plus rares et menacées de la ceinture marécageuse. Milieux plus spécialisés, les différents types de végétation palustre abritent un nombre plus limité d’espèces que les forêts (environ 40 espèces de vertébrés, poissons compris), mais beaucoup d’entre elles sont patrimoniales, en raison de la rareté des bas-marais en Suisse.

De nombreuses associations végétales

Chaque fois que le niveau d’inondation moyen s’abaisse de 20 à 30 cm, une association végétale moins hygrophile apparaît : flore aquatique, roselières, prairies à Marisque, prairies à grandes laîches, prairies à petites laîches et Choin et enfin, ourlant la forêt riveraine, les prairies à Molinie.

Les roselières occupent 170 hectares, soit un cinquième de leur surface totale en Suisse. Riches en nourriture, elles représentent l’habitat privilégié des oiseaux palustres. Les prairies marécageuses occupent un peu moins de 400 hectares de rives. Le groupement dominant est la prairie à laiche élevée. Plus diversifiées dans leur composition et leur structure que les roselières, les prairies marécageuses abritent une faune et une flore spécialisées de milieux pionniers ou temporairement inondés.

Fiche info

Forêt alluviale

Apparues suite à  la 1ère Correction des eaux du Jura, les essences ligneuses typiques des forêts alluviales ont rapidement colonisé le rivage exondé. Cette colonisation fut encore accélérée par des plantations massives. Au début du 20ème siècle, d’importantes surfaces de forêt alluviale ou de marais furent converties en populiculture, particulièrement dans la région d’Yvonand (VD).

Que ce soit des pinèdes, des saulaies ou des aulnaies, il est possible de trouver dans les réserves de la Grande Cariçaie des ensembles forestiers rares, diversifiés dans leur composition et leur structure. En Suisse, les forêts alluviales ont fortement régressé au cours des deux derniers siècles en raison du drainage des zones humides et de l’endiguement des cours d’eaux. Paradoxalement, ce sont les mêmes pratiques qui ont permis à celles de la Rive sud de voir le jour.

Aujourd’hui, la forêt alluviale présente une diversité d’essences ligneuses élevée mais peu d’espèces végétales particulières. Cependant, certaines formations recèlent une richesse biologique exceptionnelle. C’est notamment le cas des aulnaies noires, peuplements forestiers devenus rares en Suisse. La diversité des compositions et des structures, le relatif abandon de leur exploitation et enfin la proximité du lac confèrent aux forêts alluviales de la Rive sud une valeur élevée pour la faune. La continuité des massifs forestiers le long de la Rive sud et leur connexion avec les vallons boisés de l’arrière-pays leur permettent d’abriter une diversité remarquable de chauves-souris et d’espèces exigeantes en matière d’espaces forestiers comme le Chamois, le Chat forestier ou le Lynx. Au total, plus d’une centaine d’espèces de vertébrés s’y rencontrent. Plusieurs espèces d’oiseaux telles que le Pic cendré, le Pic épeichette ou la Mésange boréale (sous-espèce dite « des saules ») y nichent, ainsi qu’une abondance de papillons et d’insectes xylophages ou hygrophiles.

Parmi les quelques forêts remarquables présentes sur la Rive sud, on peut citer :

  • la pinède à choin et genévrier: celle-ci croît sur des sols pauvres où la molasse affleure, inondés en hiver et secs en été. Ses sous-bois fournis hébergent de nombreuses espèces d’arbustes, tandis que des orchidées croissent dans ses nombreuses clairières de choin. Les gouilles de ces dernières hébergent le Crapaud sonneur.
  • l’aulnaie noire: ce milieu présent dans la Grande Cariçaie est un peuplement rare en Suisse qui pousse sur un sol spongieux et gorgé d’eau en permanence. L’aulnaie noire croît en plein marais ou sur les deltas de ruisseaux. Les lianes, moustiques et hautes herbes de cette association végétale dominée par l’Aulne noir participent à donner des ambiances tropicales lors des chaleurs estivales.

Forêt de pente

Une forêt de pente s’est progressivement développée sur la falaise de molasse qui marque le rivage du lac d’avant  la 1ère Correction des eaux du Jura (1868-1891). Cette falaise de molasse presque ininterrompue entre Yverdon-les-Bains et Cudrefin (VD) est aujourd’hui quasiment recouverte de forêt.

Suite à la 1ère Correction des eaux du Jura,  la falaise n’étant plus soumise aux courants lacustres a été progressivement colonisée par des buissons, puis par la forêt dite « de pente » ; une forêt mésophile composée essentiellement de hêtraie, chênaie ou frênaie qui assure la transition vers les zones agricoles. Les portions de falaise les plus hautes et abruptes, situées entre Cheyres (FR) et Estavayer-le-Lac (FR), sont les seules zones encore vierges de végétation. Quelques espèces remarquables peuvent y être signalées comme le Laurier des bois ou l’Orchis brûlé. La falaise molassique abrite la reproduction du Harle bièvre mais surtout d’oiseaux qui ne sont pas directement liés au lac comme les Faucons pèlerin et crécerelle et le Grand Corbeau.

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