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Long d’un centimètre et habillé d’une livrée grise parfaitement mimétique des habitats pionniers humides qu’il fréquente, le Tetrix des vasières (Tetrix ceperoi) passerait facilement inaperçu devant un œil non averti. Il est pourtant l’un des orthoptères (ordre des criquets, sauterelles et grillons) à bénéficier d’un suivi systématique dans la Grande Cariçaie car également l’un des plus menacés (classé en danger d’extinction en Suisse). Les réserves naturelles de la Grande Cariçaie accueillent ses plus larges populations à l’échelle du pays et revêtent donc une importance particulière pour sa conservation.

Après deux inventaires des sites occupés par le Tetrix des vasières en 2009-10 et 2019-20 dans la Grande Cariçaie, 2021 marque la première année d’un monitoring semi-quantitatif où non seulement la présence de l’espèce mais aussi ses effectifs sont évalués. Les résultats obtenus sur les 18 stations visitées en 2021 dans les réserves des Grèves de Cheseaux, de la Baie d’Yvonand et de Cheyres montrent que le Tetrix des vasières y a une métapopulation stable. Les petites populations qui la constituent sont toutefois extrêmement fluctuantes. Une telle dynamique est typique chez les espèces pionnières, car leurs habitats sont par essence fugaces. Elles dépendent donc de la colonisation de nouveaux sites à mesure que les anciens évoluent vers des stades de végétation plus développés.

Pour les gestionnaires des réserves, il est intéressant de noter que trois quarts des sites occupés connus se trouvent dans des ornières de machines créées lors de la fauche des marais. Si ces milieux ne sont pas créés volontairement, leur importance est néanmoins reconnue pour de nombreuses espèces. La rotation des surfaces entretenues permet le maintien d’un réseau d’ornières année après année et donc d’un habitat favorable à toutes ces espèces pionnières, dont le Tetrix.

Photo: Tetrix des vasières (Tetrix ceperoi). © Association de la Grande Cariçaie / Sophie Marti