Suivis biologiques

Un patrimoine végétal passé à la loupe

Monitoring de la végétation

L’Association de la Grande Cariçaie s’est efforcé, dès le début de ses activités, d’enregistrer toute donnée nouvelle en matière de biodiversité. L’inventaire de la flore de la Grande Cariçaie s’est ainsi progressivement enrichi au fil des ans. Se résumant d’abord, durant les années 1980, aux données floristiques accumulées au travers de recherches scientifiques diverses, cet inventaire est devenu une démarche à part entière dès le milieu des années 1990. Des prospections annuelles ont alors été menées qui ont conduit au presque doublement des espèces enregistrées jusqu’alors : fin 2006 l’inventaire comptait plus de 550 espèces, dont une vingtaine de végétaux inférieurs (mousses, algues).

Monitoring général de la flore et de la végétation

La végétation est un objet de recherche prioritaire. Elle constitue en effet un indicateur fiable et précis du succès des travaux d’entretien. Les monitorings généraux prennent des formes différentes selon les groupes considérés. Pour la flore et la végétation, les informations de base sont collectées sur un réseau de mailles de 50 x 50 m couvrant l’entier des réserves naturelles, ce qui représente environ 700 hectares de forêts alluviales, 650 hectares de marais et 850 hectares de beine lacustre. Les monitorings permettent de mesurer divers paramètres, dont la présence d’espèces prioritaires ou invasives, la structure de la végétation, l’embroussaillement, etc.

Pour permettre d’évaluer à long terme la réalisation des objectifs de gestion conservatoire des réserves naturelles de la Grande Cariçaie, cinq catégories principales de données à acquérir ont été définies :

  • Module 1 : Monitoring du recouvrement des strates de végétation: Le plan de gestion définit des objectifs de conservation prioritaire des marais non-boisés. Il est donc nécessaire de connaître l’évolution, par exemple, du recouvrement de la strate des eaux libres, de celui de la végétation herbacée et de celui de la strate des ligneux. Pour cela, des cartes de végétation, sur la base des différents relevés de végétation, sont utilisées afin de permettre  la comparaison chronologique de l’état des surfaces concernées.
  • Module 2 – Eléments bâtis : Le plan de gestion définit des objectifs de protection et de conservation prioritaire des milieux naturels. Il rend nécessaire la connaissance de l’évolution de la présence d’éléments bâtis et de la qualité de ceux-ci dans les réserves naturelles.
  • Module 3 – Monitoring des espèces végétales prioritaires : la connaissance de l’évolution de la présence et/ou des effectifs des espèces prioritaires à responsabilité particulière est nécessaire et s’inscrit dans la gestion des réserves de la Grande Cariçaie. Ce monitoring s’effectue par prospection des surfaces du périmètre de gestion selon un maillage raster (maille de 50 m) et par relevé, en présence/absence, des espèces prioritaires selon une liste établie.
  • Module 4 – Monitoring des Néophytes : ce monitoring s’effectue par prospection des surfaces du périmètre de gestion de l’Association selon un maillage raster (maille 50 m) et relevé, en présence/absence, des espèces de la liste noire des néophytes envahissante de Suisse. Ce module préconise pour l’espèce manifestement la plus menaçante dans les réserves naturelles, soit Solidago gigantea, une mesure d’arrachage.
  • Module 5 : Monitoring de la biodiversité végétale: ce monitoring s’effectue par prospection d’un échantillon de maille (maille de 50 m sur 50 m) et relevé des espèces végétales vasculaires présentes dans cet échantillon. Ce monitoring permet notamment de rendre compte de la diversité végétale présente dans les réserves naturelles et de compléter l’inventaire de la flore dans le périmètre de gestion. Il s’inscrit aussi dans le contexte plus général d’une mise en valeur promotionnelle des réserves naturelles de la Grande Cariçaie et d’une participation de ces réserves à une meilleure connaissance de la biodiversité à l’échelle du Plateau et de la Suisse. Ce module permet aussi de déceler la présence d’éventuelles nouvelles espèces prioritaires à l’échelle nationale, présentes dans les réserves naturelles et susceptibles d’être inscrites dans la liste des espèces prioritaires lors de la révision du plan de gestion.

Suivi du décapage

Le suivi des effets du fauchage Elbotel sur la végétation a mis en évidence des dégâts provoqués par la faucheuse dans les groupements végétaux aquatiques. Des décollements de tapis de rhizomes ou de profondes ornières se créaient ça et là, ce qui modifiait à la fois la structure, mais aussi la composition floristique de ces groupements. Le fauchage fut donc abandonné dans les groupements aquatiques (roselières, étangs, prairies a laiche élevée-formes aquatiques) et le décapage fut proposé comme mesure de substitution. Il fut testé dans un secteur de Font (FR), entre 1992 et 2002.

La zone-test couvrait un demi-hectare et était en liaison avec un étang profond creusé cinq ans auparavant. Trois profondeurs de creuse avaient été appliquées :

  • à 20 cm (horizon organique encore bien présent)
  • à 30 cm (traces d’horizons organique)
  • à 40 cm (horizon pratiquement uniquement minéral)

Les résultats ont montré que la présence d’un horizon organique stimule la croissance de la ceinture de roselière. Cette vitesse de croissance est significativement différente selon que la matière organique est absente, présente partiellement ou encore bien conservée. En estimant la vitesse de recolonisation de la végétation depuis les bords du plan d’eau, ce dernier se retransforme en roselière 10 ans plus rapidement dans une creuse à 20 cm que dans une creuse à 40 cm. Cette recolonisation est encore plus rapide lorsque des foyers de roseaux, massettes ou laiches sont laissés au milieu du plan d’eau après la creuse. Chacun va alors jouer le rôle de foyer de recolonisation.

La composition et la densité des roselières ne diffèrent pas significativement selon le traitement appliqué, ou en comparaison avec une roselière non entretenue. La creuse intermédiaire (30 cm) semble le meilleur compromis en terme de vitesse de recolonisation et de structure de la roselière obtenue en fin d’évolution du plan d’eau.

Suivi du fauchage Elbotel

Principale action de conservation dans la Grande Cariçaie, en terme de surface, le fauchage fait l’objet de suivis dans le domaine de la végétation et des oiseaux depuis le début des travaux d’entretien.
L’incidence du fauchage par Elbotel sur la flore a fait l’objet d’un suivi entre 1984 et 2000 par des relevés annuels de végétation dans 34 placettes permanentes fauchées ou non fauchées dans trois secteurs de la rive. Cette étude s’est terminée par la publication d’un rapport de synthèse et deux articles dans des revues.

Principaux résultats

  • le fauchage triennal avec la faucheuse Elbotel permet de maintenir une diversité floristique élevée. Celle-ci se maintient voire augmente dans les parcelles fauchées, alors qu’elle diminue dans les placettes-témoin.
  • le fauchage triennal avec la faucheuse Elbotel a permis de conserver un niveau d’embroussaillement globalement limité.
  • le fauchage ne permet en revanche pas de stopper la dérive floristique de l’ensemble des groupements vers un pôle plus sec (succession végétale). Cette dernière observation concernant surtout les groupements aquatiques (groupements d’étangs, roselières, prairies à laiches élevées), d’autres méthodes d’entretien comme le décapage, doivent se substituer au fauchage pour conserver ces groupements végétaux rares en Suisse.

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