Fiche info Grande Cariçaie
Fiche info | L'Omphale la plus gracieuse (Haasiella venustissima)

Dimanche 24 octobre 2021, nous avons fait une belle découverte sur le chemin qui mène de la route Chabrey-Cudrefin aux Grèves de la Motte. Au pied de la falaise de molasse, nous avons trouvé quelques spécimens d’un petit champignon qu’il nous faut appeler aujourd’hui Haasiella venustissima.

Par sa taille réduite, ses lames décurrentes et la couleur de sa sporée claire (rose-saumon?), ce très joli et rare champignon rappelle le genre «omphale» (en latin Omphalina). Son chapeau méchuleux, de couleur jaune-orangé évoque aussi une minuscule fausse-chanterelle (Hygrophoropsis aurantiaca). Les lames décurrentes et sa viscosité sur le chapeau font penser à une espèce d’hygrophore (Hygrophorus, Hygrocybe).

Cette espèce a transité dans plusieurs genres: Clitocybe, Hygrophoropsis, Gerronema. Kotlaba et Pouzar (1966) ont créé un nouveau genre, Haasiella, avec deux caractéristiques principales qui le différencie de la plupart des genres apparentés (Omphalina, Gerronema, Hygrophorus, etc.): les spores à paroi modérément épaisse et la très nette métachromasie des spores qui virent au rouge avec le bleu de Crésyl. Ces auteurs ont décrit deux espèces: H. splendidissima (tétrasporique) et H. venustissima (bisporique), mais des analyses ADN ont récemment montré qu’il s’agit d’une seule et même espèce (Vizzini et al. 2012).

Cette petite espèce est saprophyte et pousse sur de petits rameaux de bois, dans notre station peut-être de noisetier (Corylus avellana) ou de cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) ou d’une autre espèce encore. Elle est mentionnée dans la liste rouge des champignons de Suisse (Senn-Irlet et al. 2007) avec un statut important (EN: espèce en danger d’extinction).

L’écologie de l’espèce est encore peu connue. Elle semble apparaître en milieux divers comme en zone urbaine, dans des parcs (Haas 1965). Mais dans notre pays, elle pourrait être recherchée principalement en forêts riveraines, dans les milieux sableux, près des berges des cours d’eau s’écoulant dans les massifs molassiques, par ex. au bord de l’Aar (Wulschleger 1983, Senn-Irlet comm. pers.).

Si l’on se réfère à l’Atlas des champignons, notre récolte est la 8ème mention pour notre pays. Les 6 premières datent des années 1990 et une seule depuis 2000 avant la nôtre récemment.

Texte et photographie: ©François Freléchoux et Nicolas Schwab

Références

Haas H. 1965. Gerronema venustissimum. Bulletin Suisse de Mycologie 43 : 19-21.
Kotlaba F., Pouzar Z. 1966. Haasiella, a new Agaric Genus and H. splendidissima sp. nov. Ceska Mykologie, 20: 135-140.
Senn-Irlet B., Bieri G., Egli S. 2007. Liste rouge des champignons de Suisse. BAFU & WSL.
Vizzini A., Consiglio G, Setti L., Ercole E. 2012. The phylogenic position of Haasiella (Basidiomycota, Agaricomycetes) and the relationships between H. venustissima and H. splendidissima. Mycologia, 104: 777-784.
Wulschleger A. 1983. Haasiella venustissima. Bulletin Suisse de Mycologie, 61 : 154-156.

Dernière modification: 16 décembre 2021

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