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Fiche info | Le Goéland leucophée Larus michahellis

Goéland leucophée adulte

Goéland leucophée adulte

Le Goéland leucophée est originaire de la Méditerranée. Il est considéré aujourd’hui comme une espèce distincte du Goéland argenté, nicheur sur les côtes de l’Atlantique, et du Goéland pontique qui le remplace à l’Est, le long des mers Noire et Caspienne. Ces deux dernières espèces peuvent aussi s’observer, mais en très petits nombres, sur le lac de Neuchâtel.

Autrefois peu fréquent en Suisse, le Goéland leucophée a commencé à remonter le long de la vallée du Rhône depuis une soixantaine d’années, venant en nombres croissants estiver sur les grands lacs de Suisse, en particulier le Léman. En forte augmentation sur le pourtour méditerranéen, il n’a commencé à nicher que récemment en Suisse. La première nidification a été attestée au Fanel en 1968, sur les îles artificielles, construites 4 ans auparavant. Mais jusque dans les années 1980, leur effectif est resté limité à cette réserve et très faible, inférieur à 10 couples. Puis, il a augmenté rapidement, dépassant pour la première fois les 100 couples en 1992, puis les 400 couples en 2000. A partir de 2002 (voir diagramme), une seconde colonie s’est développée sur les nouveaux aménagements de lutte contre l’érosion des Grèves de Cheseaux. En 2015, un nouveau maximum de 1125 couples a été recensé sur les rives du lac de Neuchâtel, soit 710 couples au Fanel, 368 sur les Grèves de Cheseaux et 10 supplémentaires ailleurs sur la Rive sud. Enfin, depuis une dizaine d’années, l’espèce s’installe aussi en milieu urbain, nichant sur des toits plats, principalement en ville de Neuchâtel (25 couples) et d’Yverdon (au moins 7 couples). Aujourd’hui, le Goéland leucophée est devenu le laridé nicheur de loin le plus abondant sur le lac de Neuchâtel en période de reproduction.

Il est ainsi devenu un hôte typique de la région des lacs subjurassiens, survolant le lac et ses rives, mais également les villes et les villages riverains et les plaines alluviales, se nourrissant régulièrement dans les zones agricoles de l’arrière-pays, jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres des lacs. Ses vocalises puissantes confèrent à la région des Trois Lacs une ambiance particulière de bord de mer, embruns et odeurs d’iode en moins…

Ce rapide accroissement de ses populations s’est fait au détriment des espèces locales de laridés, en particulier de la Mouette rieuse et de la Sterne pierregarin. Il occupe en effet les îlots et les plates-formes où ces espèces nichaient, allant jusqu’à tuer les adultes sur les nids. Omnivores et chapardeurs, ils concurrencent les autres espèces, en particulier le Milan noir, qui ne s’aventure plus que rarement au-dessus du lac. Seule une quinzaine de couples de cette dernière espèce niche encore au bord du lac, contre plus de 200 dans les années 1960.

Les Goélands leucophée sont aussi de redoutables prédateurs, nourrissant volontiers leurs petits des poussins des autres espèces. On a bien essayé de freiner leur accroissement, en stérilisant une partie de leurs pontes, mais ce fut peine perdue. En effet, l’afflux chaque été de centaines de nouveaux oiseaux en provenance de la Méditerranée compensait tout déficit dans le succès de leur reproduction. On se limite aujourd’hui à réserver les derniers sites où nichent les mouettes et sternes en empêchant les goélands de s’y installer.

Evolution du nombre de couples nicheurs des Mouettes rieuses et Sternes pierregarin en corrélation avec l’expansion du Goéland leucophée.

L’effondrement des populations de Mouette rieuse et dans une moindre mesure de la Sterne pierregarin sont très spectaculaires, dès lors que le Goéland devient plus abondant au début des années 1990.

Depuis les années 1980, on a suivi attentivement l’évolution de leurs populations en baguant les poussins avant que ceux-ci ne soient en âge de voler. Ce sont ainsi plus de 9000 poussins qui ont été bagués jusqu’à ce jour. Grâce à ces marquages, on a pu établir que dans les premières années, lorsque leurs effectifs étaient bas, jeunes et adultes restaient sur place ou redescendaient le long du Rhône en automne, rejoignant ainsi leurs populations d’origine pour la mauvaise saison. Mais lorsqu’ils sont devenus plus nombreux, dès les années 1990, une partie des jeunes se sont mis à migrer vers le Nord, participant ainsi à l’expansion de l’espèce. Beaucoup rejoignent ainsi les lacs du Nord de la Suisse ou du Sud de l’Allemagne, mais aussi les littoraux atlantiques, jusqu’en Hollande, au Nord et à l’Ouest de la France, et plus rarement jusqu’en Angleterre au Nord et enfin la mer du Nord, jusqu’à la Baltique à l’Est. Si une minorité de ces oiseaux semble revenir nicher chez nous, une fois adultes à l’âge de 4 ans, certains semblent s’installer définitivement au Nord et contribuent ainsi à l’expansion de l’espèce.

Dernière modification: 5 novembre 2018

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